La gestuelle et le langage du corps en disent long sur notre degré de sincérité. Pour repérer les manipulateurs et les tricheurs, apprenez à traquer les attitudes et les tics suspects.

«Désolé , ton idée n’a pas convaincu le big boss. J’ai tout fait pour la lui vendre, mais il n’a rien voulu entendre !» Hum hum… et si, en réalité, ce collègue vous avait savonné la planche ? Comment mesurer son degré de sincérité ? «En vous livrant à une observation précise de sa gestuelle», suggèrent Joseph et Caroline Messinger dans «Ces gestes qui vous trahissent», un ouvrage décryptant le sens caché du langage verbal. Nous ponctuons en effet tous nos discours de mouvements légers qui sont beaucoup moins contrôlés que nos propos.
«Ce ne sont pas les hommes qui font les gestes, mais les gestes qui font les hommes», affirmait le psychologue Joseph Messinger, décédé l’an dernier. Observez donc les tics, mimiques, réflexes et autres expressions de vos interlocuteurs : ils sont une mine d’infos sur leur volonté de vous séduire, de vous manipuler ou de vous mentir. Mais prenez garde à ne pas en tirer de conclusions trop hâtives, car 80% des gestes changent de sens suivant le contexte. Ainsi, des yeux qui brillent peuvent trahir aussi bien l’admiration que l’envie. Si vous avez le sentiment qu’une personne de votre entourage vous trompe, étudiez sa gestuelle en prenant bien soin de replacer chaque signe suspect dans son contexte.
1. Il se tripote le lobe des oreilles
Siège symbolique de l’érotisme, le lobe de l’oreille droite est aussi lié à l’opportunisme. Le caresser ou le pincer dans un contexte tendu constitue souvent une tentative d’élaborer une réponse à une situation délicate, au risque de transformer la réalité. Le lobe gauche, lui, est le siège symbolique de la culpabilité et des fantasmes. En le triturant, on révèle une gêne, peut-être liée à une faute. Dans tous les cas, méfiance : l’individu en mauvaise posture prépare sa riposte. Une accentuation du mouvement sur le lobe de l’oreille droite peut signifier qu’il a choisi de s’en tirer par une pirouette ou une demi-vérité.
2. Il a les pupilles rétractées
Impossible de contrôler la taille de ses pupilles ! Si elles sont biologiquement conçues pour s’adapter à la lumière, nous les dilatons ou les rétractons également selon nos émotions ou nos objectifs. Les psychologues utilisant la symbolique gestuelle les considèrent d’ailleurs comme le siège de l’authenticité. Une personne sereine affichera en permanence une légère dilatation, alors qu’un menteur, prisonnier de ses calculs, aura les pupilles rétractées. Cela traduit une forte activité cognitive, qui laisse peu de place à l’émotion. Le collègue qui arbore des pupilles aussi petites que des têtes d’épingle quand il vous assure “J’ai adoré ta présentation” vous flatte à coup sûr. S’il était
sincère, ses pupilles se dilateraient jusqu’à couvrir presque tout l’iris.
3. Il ferme les paupières avant ou après une prise de parole
Une manière de se concentrer ou de se donner du courage avant de se lancer ? Pas toujours ! En situation délicate, ce tic caractérise la mauvaise foi. Symboliquement, les paupières représentent en effet la frontière entre la réalité et le rêve : les bouger nettement est la manifestation d’un “dérapage oculaire”, qui révèle une déconnexion d’avec la réalité et un stress causé par le mensonge. On sait qu’on est en train de formuler un vœu pieux, mais on persiste et signe ! Même analyse si la personne lève les yeux au ciel à plusieurs reprises durant son discours. Ces tics peuvent aussi accompagner un regard habituellement glacial, en contradiction avec un sourire ou un ton faussement jovial. Le poids du regard est alors utilisé pour imposer un propos, vrai ou faux.
4. Il parle en dissimulant sa bouche derrière sa main
Lorsqu’on est en pleine lecture ou en plein travail, placer une main devant sa bouche indique une bonne organisation mentale, une méthode qui fera passer l’émotionnel au second plan. Mais lorsqu’on fait face à un client ou à des collègues, cela revient à étouffer symboliquement le dialogue. Plus précisément, se servir de la main droite comme d’un écran indique que le cerveau gauche, rationnel, nous interdit de dire la vérité. La main gauche placée devant la bouche, elle, trahit plutôt un trouble affectif. Dans les deux cas, la vérité ne sort pas. Tel un enfant qu’un adulte ou un ami invite à se taire en plaçant son index perpendiculairement à ses lèvres, on s’autocensure, mais ce silence en dit long sur notre opinion profonde !
5. Il détourne la tête avant de répondre
C’est un grand classique qu’on retrouve même dans les romans policiers. L’inspecteur Bosch, détective vedette des romans de Michael Connelly, devine que ses supérieurs ou ses collègues essaient de lui faire avaler des couleuvres en les voyant se détourner avant de prononcer un “oui” ou un “non” qui signifie le contraire. Au bureau, vous repérerez l’hypocrite à son regard qui plonge à travers la baie vitrée – un peu comme le passager d’une voiture qui parle en regardant le paysage – ou encore à son envie subite de s’intéresser à ce qui se passe dans le couloir. Cela traduit un malaise ponctuel : votre interlocuteur cherche à échapper à un face-à-face qui perturbe sa confiance en lui. Même si cela ne se vérifie pas dans tous les cas, mieux vaut choisir d’accorder du crédit à ceux qui répondent les yeux dans les yeux, sans ciller.
6. Il porte constamment la main à son nez
Un neurologue et un psychiatre américain ont analysé les réactions de Bill Clinton devant le grand jury lors de ses auditions au sujet de l’affaire Monica Lewinsky. Ils ont constaté que lorsque l’ancien président mentait, il fronçait les sourcils avant de porter la main à son nez, geste qu’il a répété 26 fois. Lorsque ses réponses étaient sincères, il n’esquissait pas ces mouvements. Cependant, précisent les psychologues, ces tics étaient également liés au caractère sexuel de l’affaire. Ajoutons, quitte à tordre le cou au mythe de Pinocchio, que tous les tics liés à l’appendice nasal ne signifient pas qu’il y a mensonge : se gratter les ailes du nez, par exemple, révèle plutôt une hésitation. Là encore, tout dépend du contexte et de ce que nous dit notre intuition. N’oublions pas que le nez est symboliquement (et logiquement) apparenté… au flair.
7. Il cache ses mains ou au contraire s’en sert sans cesse pour appuyer ses propos
Les mains symbolisent la communication. Si elles sont cachées derrière un pupitre, sous un dossier, sous la table, cela indique que leur propriétaire n’est pas entré dans le dialogue et fait simplement semblant d’y participer. A l’opposé, des gestes trop construits – comme ceux dont les politiques ponctuent leurs discours – sont tout aussi trompeurs. Lorsqu’il tend les bras, les paumes dirigées vers le haut, votre interlocuteur prétend montrer sa bonne volonté. Mais a-t-il quelque chose à offrir ? Et lorsqu’il s’appuie sur les coudes et que les pulpes des doigts se touchent, formant une sorte de toit, l’espacement entre ses paumes indique que ses propos ne sont pas sincères.